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samedi 4 juin 2011

LA BIENNALE DE VENISE







« La Biennale est l’un des plus importants forums pour la dissémination et l’illumination sur les développements actuels dans le domaine de l’art international », c’est ainsi  que Bice Curiger, historienne et critique d’art suisse a justifié le titre qu’elle a donné à cette Biennale.

Et de rajouter :« Le terme "nations" dans "ILLUMInations" s’applique de façon métaphorique aux développements récents dans l’art du monde entier »
Mais d’illumination et d’illuminés, on ne trouve que peu d’exemples dans cette 54eme édition confiée à l’éditrice du magazine Parkett.

Il faut donc chercher dans les pavillons nationaux et dans les nombreux lieux investis dans le cadre de la biennale, cette étincelle qui fait souvent défaut à la participation officielle.


FRANCE




C’est Christian Boltanski qui occupe le pavillon français, avec une métaphore de la destinée d’une grande force. Tout l’espace est envahi par une structure d’échafaudages sur laquelle circule une bande d’images de 60 mètres de long constituée de portraits de bébés polonais que l’on trouve chaque week-end dans les principaux quotidiens du pays. Une sonnerie retenti et le vacarme de rotatives qui baigne la grande salle principale du pavillon s’arrête avec le mouvement de la bande et l’un des portrait d’enfant se fige, au hasard, dans le champ d’une caméra.
Dans chaque salle latérale, de grands chiffres lumineux égrènent pour l’un le chiffre des naissances chaque  seconde dans le monde et pour l’autre le nombre de décès.
Dans la dernière salle une image composite réunissant trois parties d’un visage, front, nez et bouche, de bébés polonais et de Suisses morts défilent à grande vitesse en une sorte de cadavre exquis.
Le jeu consiste, en appuyant sur un bouton situé face à l’écran, à reconstituer un visage. Celui au celle qui parvient à forcer la chance en réunissant les trois partie d’un vrai visage gagne la pièce.




Christian Boltanski offre l’une des proposition parmi les plus originales de la biennale, une œuvre forte, émouvante et inattendue.

SUISSE

Autre proposition, à classer dans le registre des plus remarquables, celle de Thomas Hirschhorn et Andrea Thal qui représentent la Suisse.




C’est une immense grotte constellée d’immenses cristaux de carton et de plastique qui envahit littéralement l’espace pour y dérouler le spectacle de l’absurdité et de la violence du monde contemporain.





On reste stupéfait devant une telle maîtrise à partir d’une pareille économie de matériaux : papier d'aluminium, matières plastique, ruban adhésif, carton, cotons tiges, pages de magazines, vieux téléviseurs, téléphones cellulaires au rebut, qui parviennent à totalement à capter le regard et exciter l’imagination. Hirschhorn nous entraîne dans un palais des mirages transformé en pandémonium dont on ressort étourdi.
L’artiste a su, comme à son habitude, aller à l’essentiel avec les seuls déchets de la société actuelle et avec du rien illuminer les consciences.


ARGENTINE





Toujours dans le Palmarès des oeuvres fortes et « illuminées », le pavillon argentin dans l’Arsenale.
Le jeune Adrian Villar Rojas, qui était récemment en résidence à la villa Raffet à Paris dans le cadre des invitations du SAM  Art Projects, y réalise une oeuvre hybride monumentale intitulée : Ahora estaré con mi hijo, cet enfant-là semble tombé tout droit du vaisseau galactique du film Alien, avec ses excroissances de béton comme autant d’efflorescences dangereuses qui absorbent toutes sortes d’objets qui passent à leur portée. 





« Je construit des monuments parce que je ne suis pas prêt à perdre quoi que ce soit » écrit l’artiste, nous y perdons nous tout repère, écrasés par ces masses minérales qui semblent jaillir du sol pour tutoyer le ciel.
L’ensemble trouvera son apogée à Paris en septembre dans le jardin des tuileries à travers une sculpture géante finale qui complétera l’ensemble.

ALLEMAGNE Lion d'or de la meilleure participation internationale

Christoph Schlingensief est mort en août dernier, c'est donc un peu son cénotaphe qu'est devenu le pavillon allemand.
Schlingensief est avant tout un metteur en scène et un cinéaste, obsédé par la religion, il a condensé dans ce testament ses thèmes de prédilection dans une scénographie très teutonne: L'église de la peur. 
Les 6 films sélectionnés qui sont projetés dans une aile latérale ont été numérisés et restaurés. Dans l'aile gauche est présenté son projet d'opéra village au Burkina Fasso.





USA



Ce sont Jennifer Allora et Guillermo Calzadilla, qui représentent les USA. Les deux artistes, originaires de Porto Rico, ont joué la carte de la dérision avec un tank grandeur nature retourné dont les chenilles sont actionnées par la foulée d’athlètes de l’équipe olympique américaine.



À l’intérieur du pavillon, sur des répliques en bois sculptés colorés de sièges de première classe d’avion long courrier, des gymnastes exécutent des figures savantes et dans une autre salle un grand orgue qui cache en son sein un distributeur automatique de billets de banque, crache ses décibels lorsque vous composez votre code secret.
C’est cher et ça se voit, c’est ludique,  mais ça ne casse pas trois pattes à un canard, et l’on y apprend comment faire du très léger avec du lourd.




ARSENALE 

Dans l’Arsenale, le français Loris Greaud fait échouer un cachalot de 17 mètres de long dans lequel on peut vivre 24h à l’intérieur, sur réservation.
(http://www.thegeppettopavilion.com) Sans commentaires…





SERBIE

Pour le pavillon Serbe, Rasa Todosijevic a travaillé autour du thème La lumière et les ténèbres des symboles, dans un certain sens métaphorique, partant du postulat qu’influencé par le contexte social, le spectateur perçoit et interprète un symbole d'une manière différente, tandis que le symbole lui-même et sa forme peut rester le même.



Todosijevic a une approche radicale de la politisation de l'art, mais à l’heure où Ratko Mladic, vient enfin d’être arrêté la force des symboles risque de dépasser la démarche de l’artiste.


ITALIE





Le Lion d’or du pire revient sans concurrence possible au pavillon italien confié à l’ancien secrétaire d’état à la culture de Berlusconi Vittorio Sgarbi.
Que ce pourfendeur de l’art contemporain ait été invité dans cette biennale pour y célébrer le150e anniversaire de l'unité italienne et y montrer « L’état de l’art italien » est beaucoup plus un témoignage de l’état dans lequel le cavalière lifté à laissé le pays.



Dans cet espace mis en scène comme un salon de peintres amateurs on se demande comment certains artistes de qualité se sont compromis en participant à cette mascarade néo classique du pire effet. On ressort sous la gigantesque crucifixion que Gaetano Pesce a créé pour la dernière triennale de Milan, une Italie transformée en pizza dégoulinante qui se laisse vénérer par des fidèles absents… Parfaite métaphore d’une nation en pleine déliquescence 



Le même Sgarbi déclarait, il y a peu :  
Berlusconi m'a dit, « C'est ce que nous avons appris de nos parents. Dans le monde musulman, juif ou chrétien  l'homosexualité n'est pas une vertu. Dire qu'il est préférable de regarder les jolies filles que d’être homosexuel ce n'est pas une expression insultante. Aux gays je dirais sans problème: mieux vaut aller avec les hommes ou avec les femmes. Ce n'est pas discriminatoire, c’est juste une opinion. » Il a bien fait. Je suis entièrement d'accord avec lui. C’est une phrase provocatrice, mais légitime. C'est comme dire que l’on préfère pêcher plutôt que chasser…

Cet homme de bon sens est en pleine concordance avec son exposition : pitoyable.

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