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mardi 19 juillet 2011

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Nic Gogel@ Adam models

Au secours!!!!!!!!!




Les verts allemands ont déclenché un vent de panique sur nos libidos estivales : les plastiques utilisés pour la fabrication de nos Sex Toys seraient cancérigènes et particulièrement nocifs pour nos gracieux orifices…

De là jaillit, aussi pernicieuse que celle de l'oeuf et de la poule, une question existentielle qui va nous occuper l'esprit tout l'été : Comment encore creuser son trou sans pour autant creuser son trou ?

Allons nous nous tourner vers des produits plus naturels comme le concombre, la courgette ou, pour les plus gourmands, ou encore les plus présomptueux, l'aubergine ? 

Mais ces sympathiques cucurbitacées ne sont elles pas bourrées de pesticides tout aussi toxiques ? 
Alors faut-il les choisir bio? 
Mais, arrosées d'engrais naturels par de solides cultivateurs écolos, ces légumes deviennent alors de vraies patinoires olympiques pour Escherichia coli en goguette qui auront tôt fait d' occuper notre fondement en aussi peu de temps qu'il n'en faut à une colonie israélienne pour annexer un territoire.

Le biberon de bébé ? on nous dit qu'il est bourré de phtalates virulents…

La bonne vieille bouteille de Coca Cola en verre, si ergonomique ? mais l'encre du logo est elle vraiment sure ?
Alors la demie bouteille de Bordeaux? Mais la colle de l'étiquette? 

La main du masseur ? Mais s'est-il bien lavé les mimines au moins pendant 30 secondes en sortant des toilettes?

La matraque de CRS? encore faut-il croiser la route d'une manif bien chaude, ça ne cours pas les rues au mois d'Août et de plus le Tonfa est aussi en plastique…

Le pied de chaise ? attention au vernis

L'amant fougueux avec préservatif ? mais la capote peut être allergisante… Alors sans préservatif ? Autant jouer à la roulette Russe avec un canon de 6/35…

Merde alors ces verts !! 
Juste bons à nous gâcher les vacances! 
Franchement c'est pas Joly, Joly !






dimanche 17 juillet 2011

Sommeil

C'est l'été...



La libération des corps des années soixante dix a fait long feu. 

On nous annonce aujourd'hui le retour de la "pudeur" chez les jeunes générations. 
Le problème c'est que cette nouvelle pudeur ne ressemble en rien a une préservation de son intimité mais a plus à voir avec un sentiment de honte lié au retour en force du religieux dans nos sociétés occidentales et de mimétisme moutonnier face à la pression du groupe.

L'affreuse mode vestimentaire du sportwear a envahi l'espace avec ses sweat serpillières, sa grisaille généralisée et ses formes molles qui effacent les corps  et façonnent une nouvelle idéologie comportementale.

La calamité commerciale du chiffon à prix fort semble s'être abattue sur les jeunes gars transformant, à coup de bermudas ou de "pantacourt ", le plus sexy des garçon en pingouin court sur pattes aussi excitant qu'un nain de jardin.

On est loin de ces shorts courts au jambage large qui laissaient entrevoir, dans la position assise, des fractions de slip blanc dans la pénombre de l'entrejambe ou mieux encore, lorsque le jeune homme ne portait pas de sous vêtements, offraient des visions propres a faire accélérer le pouls et grimper la tension artérielle.

C'est l'été! Jettez ces fripes immondes et dévoilez ces corps que l'on aimerait voir!!!!

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Willy Bonaparte

Penser le sexe








Vingt-cinq ans pour penser le sexe

Faute de traductions, Gayle Rubin était encore peu connue en France jusqu'à aujourd'hui. Pourtant, elle a le privilège de figurer parmi les cent intellectuels réputés les plus dangereux aux Etats-Unis. Sa pensée débarque – enfin – en France grâce au formidable travail de publication des éditions EPEL qui nous proposent un recueil de ses principaux écrits dans une langue aussi claire que jubilatoire (à ce propos, on saluera les soins apportés au texte par Rostom Mesli qui en a non seulement traduit certains chapitres mais qui a surtout joué le rôle de passeur contextuel en accompagnant l'oeuvre de Rubin d'un ensemble de notes précis et rigoureux qui clarifie nombre de concepts, de faits et de gestes).

 Vingt-cinq années de pensées et de réflexions arrivent donc d'un coup en France avec Surveiller et jouir. Les amis de la bienséance et de la morale, des abstractions décharnées et des raisonnements éthérés n'ont qu'à bien se tenir car, pour Gayle Rubin, «  Il est grand temps de parler de sexe ». Et Rubin ne mâche pas ses mots ni n'est avare de détails. Si penser a longtemps été " apprendre à mourir ", alors le livre de Rubin s'impose comme une apologie des puissances du corps et de la vie au risque de faire valoir une réflexion hérétique, subversive voire même perverse! Car c’est du corps dans tous ses états dont il est question dans les sept études réunies dans ce volume. A partir de terrains pour le moins marqués (les films pornographiques, les quartiers gay et les bars sado-masochistes de San Francisco...), l'auteure n’a de cesse d’interroger le corps dans sa dimension sexuelle : comment est-il pris en compte, accepté, valorisé ou répudié en fonction de son état, de sa représentation, de ses pratiques, de ses déplacements, de ses modalités de jouissance et dans quelle mesure pareille prise en compte est-elle foncièrement politique? Pour Rubin, il y a équivalence fondamentale entre le sexe et la politique. 

Le sexe est politique et constitue le site même d'une recherche de libertés : c'est à la fois par le corps et pour le corps que des libertés nouvelles peuvent et doivent être acquises. Selon elle, "Il y a un besoin urgent de développer de nouvelles perspectives radicales sur la sexualité". Et quelques lignes plus loin de préciser : " Une théorie radicale du sexe doit identifier, décrire, expliquer et dénoncer l'injustice érotique et l'oppression sexuelle. Une telle théorie a besoin d'outils conceptuels sophistiqués qui puissent saisir et manipuler le sujet. Elle doit proposer des descriptions fouillées de la société telle qu'elle est et de son évolution historique. Elle nécessite un langage critique convaincant qui puisse rendre compte de la barbarie et de la persécution sexuelle ". Bref, Gayle Rubin reprend le flambeau foucaldien de la bio-politique et montre comment le corps dans sa dimension sexuelle est l’objet d’enjeux de pouvoirs qui privilégient ou brident certaines pratiques, certaines populations, certaines manières d’être par rapport à d’autres.

 Du plaisir pris au prendre parti 

 Mais, questionneront les preux défenseurs du contemporain, en ce nouveau siècle de tolérances infinies, d'hédonisme outrancier, de "pornocratie" télévisuelle à peine masquée, y-a-t-il encore lieu de soutenir ce genre de théories, y-a-t-il, de nos jours, encore seulement des opprimés dans le champ de la sexualité? Dans la riche forteresse occidentale, chacun ne fait-il pas ce qui lui plaît? Répondre affirmativement à une telle question reviendrait à considérer les travaux de Rubin comme quelque peu datés. Son anthropologie politique du sexe et ses appels à lutter pour la liberté " de consentir à notre sexualité, sans ingérence ni sanction. " seraient arrivés trop tard chez nous pour bénéficier de l'impact qu'ils auraient éventuellement pu mériter. D'ailleurs, l'auteure ne souligne-t-elle pas elle-même que " la sociologie d'hier est devenue l'histoire d'aujourd'hui "? Le livre de Rubin ne présenterait alors qu'un intérêt historique quant à la généalogie de la théorie queer dont l'auteure demeurerait l'une des principales papesses.

Si, de fait, la traduction française de l’ouvrage de Rubin constitue bel et bien une base solide pour saisir comment la pensée européenne (celle de Foucault, de Lacan, de Lévi-Strauss) a été mise au service des questions de genre et de sexualité, il y a plus de vingt ans aux Etats-Unis, ce n’est pas son seul mérite! Loin de là! 

 Certes, avec les chantres de la mort du symbolique, on peut toujours prendre l’air blasé devant l’avènement du virtuel, du sexting, des nouvelles formes de parentalité, des métrosexuels, des a-sexuels, des living apart togheter ou de la peoplisation des politiques. Mais le livre de Rubin – et c’est là que réside son actualité –  a le mérite de nous rappeler que – quel que soit le laxisme ou la tolérance que consent la bio-politique contemporaine – les normes ne cessent de s’appliquer sur nos corps et de régir nos vies. Autrement dit, même si le spectre des possibilités pour vivre notre sexualité s’est sans doute sensiblement assoupli et élargi, la base hétéro-normative n’en reste pas moins La référence première et ultime. 

L’ouvrage nous aide également à prendre conscience qu’à l’heure des tabous et des interdits déplacés, ces normes qui orientent nos sexualités promeuvent une jouissance qui semble entièrement détachée de tout impact politique. Notre capitalisme avancé glorifie le plaisir pris pour en gommer toutes conséquences : plus je jouis, plus je suis, moins je pense. Or le livre de Rubin, en remettant l’accent sur le rôle éminemment politique de toutes formes de sexualité, nous invite, par-delà le plaisir pris, à prendre parti. A l’époque du plaisir abrutissant généralisé, la parution française de Surveiller et jouir s’impose comme un plaidoyer en faveur des intensités subversives, des corps indomptés, des révolutions sexuées.
Espace pubique et puissances réinventées

 
 S’il est clair que les études de Rubin se penchent sur des quartiers et des populations à un moment précis (la plupart du temps au tournant du déclenchement de l’épidémie du Sida aux Etats-Unis), son ouvrage n’en inaugure pas moins une nouvelle façon de percevoir la géographie urbaine et humaine. 

On y assiste à une sorte de transformation de l’espace publique en espace pubique (pour reprendre l’excellent mot du célèbre plasticien et performer Vito Acconci), c’est-à-dire : une volonté claire de saisir les enjeux de la sexualité, des pratiques sexuelles, comme moteur d’une économie redéfinissant les limites du psychique et du politique à même le cadre de la ville. 

En deçà du sujet, en deçà de son unité consciente, au creux même de sa vie sexuelle, à même son corps peuvent s’inscrire des actes de rébellion, de dissidence : la sexualité vécue comme champ de bataille contre la normalité, le bon sens et les espaces quotidiens qui corsètent nos corps. 

A bien y réfléchir donc, les thèses de Rubin réinterrogent de façon tranchante la permissivité propre au XXIème siècle occidental. Répétons-le : que tout soit permis ne signifie aucunement que des sexualités subversives, séditieuses, mutantes soient encouragées. Au contraire, la permissivité du spectacle quotidien contribue plutôt à l’endormissement des âmes. Or, si nos corps, quelles que soient les libertés nouvellement acquises, restent habités par le pouvoir et par les normes, la proposition de mener une révolution pour en exalter les puissances s’avère d’autant plus séduisante qu’urgente. Ainsi, les récits, les combats et les descriptions des lieux dédiés aux corps et aux plaisirs qu’évoque le livre de Rubin, nous obligent-ils à saisir dans toute leur acuité les puissances de la chair. 

Loin de l’élégie passéiste, l’ouvrage éveillera peut-être, chez certains, une vague nostalgie pour une époque dorée du sexe. Mais " l'effet que produit la nostalgie dépend de la façon dont elle est utilisée, et des objectifs au service desquels elle est mise ". 
Bref, avec Rubin la mission est claire et reste tout entière à accomplir : réveiller les puissances de nos corps, inventer et découvrir de nouvelles plages d’intensités sexuelles pour façonner un autre visage à la résistance et à la subversion : au travail !

© Fabrice Bourlez

pour : Non fiction



Surveiller et jouir - Anthropologie politique du sexe
Gayle Rubin
Flora Bolter (Traducteur), Christophe Broqua (Traducteur), Rostom Mesli
Editeur : Epel
Collection : Les classiques de l'érotologie

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Francisco Lachowski

AUX ARMES, etc



Le Buzz de la semaine ce sont les déclaration d'Éva Joly sur le défilé militaire du 14 Juillet : « Je pense que le temps est venu de supprimer les défilés militaires du 14-Juillet parce que ça correspond à une autre période. J'ai rêvé que nous puissions remplacer ce défilé [militaire] par un défilé citoyen où nous verrions les enfants des écoles, où nous verrions les étudiants, où nous verrions aussi les seniors défiler dans le bonheur d'être ensemble, de fêter les valeurs qui nous réunissent. » et la réaction de François Fillon qui a suivi.

Il faut dire que ce défilé militaire n'est en rien une tradition issue de la révolution française car il ne fut institué qu'en 1880 à la suite des nombreuses défaites militaires que la France avait subi. 
La Marseillaise étant devenue hymne national en 1879.

Devant le tollé du PS à la suite de ces déclarations, le premier ministre a assumé ses propos :

« Je suis en colère quand j'entends comparer le défilé des Forces françaises le 14 juillet à ce qui se passe en Corée du nord. Cela témoigne pour le moins d'une grande mauvaise foi ou alors d'une profonde méconnaissance des traditions et de l'histoire de notre pays. L'armée française ne défile pas sur les Champs-Elysées pour étaler la puissance militaire de notre pays. L'armée française défile sur les Champs-Elysées afin que la nation puisse rendre hommage à ceux qui risquent leur vie pour la défendre », a-t-il déclaré.
« Le métier des armes ce n'est pas un métier comme les autres. C'est le seul métier où quand on y entre, on sait qu'on va peut être devoir donner la mort ou peut être la recevoir. Les événements récents en Afghanistan nous montrent tout le respect que nous devons, toute la gratitude qui doit être la nôtre pour les forces armées françaises. »

Belle déclaration martiale et bel hommage qui appellent toutefois un léger bémol… Qui a envoyé ces soldats mourir en Afghanistan en reniant ses engagement pré-électoraux? 
Qui a suivi la demande pressante de Georges Bush et s'est aligné sur la position belliqueuse américaine en mobilisant des troupes dans un bourbier sans issue et décide maintenant de les y retirer ?

La déclaration d'Éva Joly, qui n'avait rien à voir avec le drame afghan, a été aussi sévèrement critiquée par le PS qui semble lui aussi avoir oublié sa propre histoire.

Car il est quand même étonnant qu'en 2011 la République ne soit personnifié que par son armée un jour de fête nationale, alors que bien d'eau a passé sous les ponts depuis 1880.

L'armée comme la police et la gendarmerie sont des services publics indispensables, elles ont donc leur place dans un défilé mais il serait logique que cette fête soit celles de TOUS les services publics qui oeuvrent à la cohésion sociale, à l'éducation et à la sécurité : agents hospitaliers, enseignants, chercheurs, etc. toutes celles et ceux qui de par leur action au quotidien, méritent le respect et la gratitude de la nation. 

Mais il est vrai que le service public est si malmené ces derniers temps que les citoyens ont tout autant de quoi être en colère qu'un premier ministre.







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Raphael Lachini@Mega models

AU FOU !



Michele Bachmann, candidate républicaine aux élections américaines de 2012 et nouvelle Jeanne d'Arc de la droite évangélique, est le premier candidat républicain à la présidentielle à signer un "Voeu de mariage" lancé par un groupe évangéliste de l'Iowa, qui engage sa lutte non seulement contre le mariage homosexuel, l'avortement, et le «divorce rapide », mais aussi toutes les formes de la pornographie.

Ce groupe de barjos, dirigé par Bob Vander Plaats, a pour joli nom de baptême : The Marriage Vow: A Declaration of Dependence upon MARRIAGE and FAMiLY. 
Cette secte intégriste a un poids conséquent dans la vie politique de l'état, si bien que Bob Vander Plaats a même réussi à évincer trois juges de la Cour suprême de l'État qui avait voté en faveur du mariage homosexuel.

De plus, ce "Voeu de mariage" feint de s'apitoyer sur les sort des noirs tout en faisant une référence positive à l'esclavage: « L'esclavagisme a eu un impact désastreux sur les familles afro-américaines, mais malheureusement un enfant né dans l'esclavage en 1860 a été plus susceptibles d'être élevé par sa mère et son père dans un ménage à deux parents qu'un bébé afro-américain né après l'élection du premier président afro-américain es Etats-Unis », la suite n'est que déchaînement contre l'homosexualité  et la « partialité anti-scientifique» qui considère les penchants «non-hétérosexuels » comme innés et irréversibles.

Pour remédier à ce que ces fous de Dieu nomment la «grande crise» de l'institution du mariage, l'engagement exige un certain nombre d'étapes :
les signataires promettent de soutenir un amendement constitutionnel interdisant le mariage homosexuel et visant à protéger les soldats des gays dans l'armée; 
ils s'engagent à éloigner les femmes et les enfants de la «séduction dans la promiscuité», ainsi que du porno. 
En outre, nos vaillants eugénistes, jurent reconnaître les avantages de "procréer de robustes Américains"
Et comme ils n'ont pas trop le sens du paradoxe, ils  exigent aussi le rejet de la Charia qualifiée de forme de «contrôle totalitaire». 
La conception de la société de cette droite religieuse, combinant libéralisme économique et autoritarisme social, soutient que seule une société fonctionner selon une morale strictement chrétienne… Rien à voir avec la Charia bien sur…

Pour en revenir à Michele Bachmann, il est utile de souligner que cette virago bigote des Tea Party est propriétaire d'une clinique à Minneapolis où l'on "soigne" les homosexuels  à coup d'étude de la bible et de prières. 
Avec une telle thérapie nul doute que la " guérison" est assurée. 
Elle se déclare fière de son entreprise de manipulation mentale.

Cette engeance des religions dévoyées constitue un véritable danger pour les démocraties, ouvrant la porte à toutes les dérives que peut engendrer l'irrationnel. 

Dans ces périodes d'insécurité et de crise économique beaucoup de gens peuvent être sensibles à ces marchands de spiritualité qui ne sont que des malades mentaux, des charlatans ou des tyrans potentiels. 

Quand le fondamentalisme religieux, d'où qu'il vienne, glisse dans la sphère politique il convient de dresser des garde fous contre ce virus de mort qui risque de gangréner la société toute entière.


dimanche 10 juillet 2011

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Brian Shimansky @Major models

Semaine du blanc












News of the world, vient d’être mis au panier, non pas parce qu’il n’était pas rentable car le tabloïd anglais dominical tirait à 2,8 millions d’exemplaires ( ce qui donne une bonne idée de l’état mental d’une société humaine) mais sous la pression d’un scandale lié à une mise sous écoute de milliers de personnes, depuis 2007.
Le «  journal » fondé en 1843, a été racheté en 1969 par le groupe Rupert Murdoch’s Ltd.
Le magnat de la presse de caniveau a su faire prospérer cette feuille comme tous les titres de son groupe en manipulant l’opinion à coup de scoops douteux.
Sous l’effet d’un néo-libéralisme ravageur, la presse mondiale est devenue une méga-industrie qui doit faire du chiffre et pour la presse écrite se mesurer à la rapidité de la circulation des informations qu’induit le développement massif d’Internet.
Dans cette course effrénée à l’audience et pour contrer la concurrence tous les coups sont permis, même ceux qui sont contraires à la loi.
Ce nouveau pouvoir étant son emprise tentaculaire sur le monde à travers les divers médias, anciens et nouveaux, et façonne l’opinion publique pour la rendre compatible avec leurs intérêts, qu’ils soient économiques ou directement politiques.
Dans De la démocratie en Amérique, Alexis de Tocqueville avait déjà eu la prémonition de ce nouveau pouvoir :
« Un pouvoir immense et tutélaire qui se charge d'assurer leur jouissance (…) et ne cherche qu'à les fixer irrévocablement dans l'enfance. Ce pouvoir aime que les citoyens se réjouissent, pourvu qu'ils ne songent qu'à se réjouir. Il pourvoit à leur sécurité (…) facilite leurs plaisirs (…) Il ne brise pas les volontés, mais il les amollit (…), il éteint, il hébète. »
Mais il parlait alors d’un pouvoir politique, alors que ces monstres économiques ont supplanté les exécutifs démocratiques pour les contrôler et les influencer.
Andy Coulson, le rédacteur en chef de News of the world, démissionnaire à la suite d’un premier scandale, avait ensuite été recruté au poste de conseiller du premier ministre anglais David Cameron… La collusion avec les pouvoirs politiques n’est pas réservée aux dictatures diverses et variées, elle est patente dans de nombreux pays, l’Italie en est le malheureux exemple.
Cette « presse » est dangereuse, elle peut tuer moralement et physiquement de manière indirecte.
Elle est nocive pour la démocratie car au-delà d’une hégémonie économique elle interfère dans le champ  de toute la vie sociale des individus.
Pour Benjamin Barber, politologue et écrivain américain, qui a écrit un livre intitulé : Comment le capitalisme nous infantilise, paru aux éditions Fayard en 2007 :
« Le vieux capitalisme, celui des puritains américains du XVIIIe siècle qui prônait les vertus protestantes, a découvert une formule efficace qui a ensuite fait ses preuves :  si vous pouvez développer les services importants qui répondent aux besoins et désirs d’un peuple vous pouvez à la fois être utile à la communauté et faire de l’argent. Un mariage de cynisme et d’altruisme qui débouchait sur un capitalisme productif basé sur le travail, l’investissement et l’éthique religieuse. 
Le capitalisme moderne a créé un étau économique infantilisant qui est devenu consumériste et non plus productiviste.
Ce capitalisme doit fabriquer lui-même les besoins pour vendre des produits qui n’ont pas de véritable nécessité
Une synergie de privatisation globale de la société,  entre totalitarisme commercial et infantilisme généralisé, où les enfants deviennent agents de la consommation et les adultes entrent dans un processus régressif.
On est entré dans l’ère du « Je veux ! », impulsif et agressif, qui a remplacé le « NOUS » par le « JE ».
La politique est infantilisée, la religion devient infantilisée avec le fondamentalisme.
Dans une société sans pensée et sans prudence, tout est devenu manichéen et sans complexité, ni nuance. »
Pour s’imposer, ce « Monstre doux » comme le nomme  Raffaele Simone, linguiste et philosophe italien, doit d’abord occuper la sphère culturelle de la société, « culturelle » n’étant pas entendue en termes d’acquisition de connaissances, mais de champ de valeurs, de désirs, d’us et coutumes sociaux.
C’est ce qu’ont bien compris les nouveaux « Populistes ».
La presse et les médias en général, deviennent des véhicules et des alliés de choix pour faire table rase de la pensée critique, rendre le « Rien » indispensable, créer des non-valeurs où l’individu sans qualités, qui n’existe plus que par sa vacuité étalée sur les réseaux sociaux ou dans les magazines à fort tirage, occupe le centre de ce jeu de dupes.
Chez nous, il n’est qu'à voir, lors de récentes affaires dramatiques d’assassinat d’adolescents, de parfaits inconnus pris au hasard dans la rue, qui ne connaissait ni de près, ni de loin les victimes, verser des Niagara de larmes devant les caméras et sans doute ameuter ensuite famille et amis pour qu’on les voit « passer à la télé ».
La nécessité de dépasser ce «  JE » totalitaire par une action communautaire à travers des contre-pouvoirs libres de l’influence des puissances d’argent est vitale...
Mais est-ce encore possible ?

samedi 9 juillet 2011







Vince (depuis Paul Morris)

EN MALES DE RENCONTRES

L’Homo érotisme trouve cette année une place intéressante au sein des Rencontres d’Arles, dans l’exposition From Here On (À partir de maintenant), un manifeste signé de cinq artistes et directeurs artistiques,  qui introduit l’exposition de 36 artistes illustrant les nouvelles étendues de la création qui produisent un changement profond dans les usages de la photographie, engendré par la suprématie d’Internet et de la création numérique dans l’accès et la diffusion des images.
Mais aussi dans la section Découvertes avec la travail de Christopher Clary.




FRANK SCHALLMAIER

Frank Schallmaier est rédacteur en chef photo pour le journal hollandais De Volkskrant.
En 2009, Frank Schallmaier découvre "Off the Record", une exposition de la collection Hans Aarsman au Stedelijk Museum d’Amsterdam, composée d’œuvres crées à partir de la nécessité d'enregistrer n’importe quoi, sans but artistique affirmé.



Depuis il écume sur son iMac les sites gays pour y engranger les clichés d'hommes anonymes qui s’y exhibent. Il a ainsi réuni plus de 15 000 photographies, répertoriées en plus de cinquante catégories.



Le travail de Schallmaiers a attiré l'attention du galeriste Rob Malasch, qui lui a offert une exposition solo.



Ces accumulations de pénis, dont les propriétaires vantent le calibre en les mesurant à des objets usuels, montre le caractère dérisoire de ces revendications de virilité où l’humanité du corps disparaît pour se réduire à un simple appendice de chair.





CHRISTOPHER CLARY
Né en 1968 à Rochester, New York. Vit et travaille à Brooklyn, New York.
Proposé par Chris Boot, pour le prix Découvertes

« Christopher Clary a réalisé une installation pour l’exposition intitulée Gay Men Play que j’ai organisée pour le New York Photo Festival en 2009 et qui tournait autour de l’usage de la photographie chez les homosexuels comme outil propice à la communication sur la sexualité. La pièce qu’il a créée, tapissée d’images qu’il avait collectionnées et imprimées depuis son disque dur, était à la fois intelligente et touchante. Mais son oeuvre ne se préoccupe pas uniquement de la photographie comme devise sociale et sexuelle. En explorant de manière publique son désir d’un archétype photographique spécifique de la masculinité et du nu masculin, Clary déterre d’une manière poignante certaines questions relatives à l’inventivité sexuelle, la confiance en soi et la vulnérabilité du mâle. »
Chris Boot




Christopher Clary est un artiste pluridisciplinaire qui se spécialise dans les installations, en utilisant des photographies qu’il s’approprie ou qu’il crée lui-même pour confronter les problèmes de la sexualité et de la masculinité. Au coeur de sa pratique, on trouve une collection de pornographie homosexuelle : des magazines qui documentent les communautés bear, cuir et camionneur sur une vingtaine d’années, ainsi qu’une collection numérique qui comprend 1 500 images d’hommes téléchargées sur des sites pornos professionnels et amateurs ainsi que sur les réseaux sociaux.



Sa collection constitue le point de départ de la création d’oeuvres qui abordent sa propre identité sexuelle et sociale, ainsi que la production et la consommation d’images de la sexualité masculine. À Arles, l’installation de Clary comprend une présentation de ses photographies pornographiques à l’état brut : des magazines exposés, des images miniatures imprimées sur du papier peint. L’espace comprend des agrandissements sur toile d’images de Kevin qui proviennent de la collection, empilés en groupes : des fenêtres de fichiers JPG transposés en peintures plus grandes que nature.



L’installation comporte également deux séries photographiques qui mettent en scène les rencontres entre Clary et des hommes de sa collection : invités à se déshabiller lentement, durant deux heures, devant un appareil photo dans son atelier, que Clary règle pour prendre un cliché toutes les cinq secondes.

Vus en tant qu’images individuelles, les résultats sont similaires aux images de sa collection, mais la série dans son ensemble révèle et explore les sujets sous-jacents du « nu masculin », étant donné que ces rencontres provoquent et révèlent des expressions de vulnérabilité et de douleur tout autant que la confiance en soi sexuelle et le désir.





THOMAS MAILAENDER

Thomas Mailaender est artiste multimédia français basé à Paris et Marseille.

La documentation constitue le point principal de son travail, qu’il utilise à la manière d'un scientifique en enregistrant les images
insignifiantes, accidentelles ou encore grotesques qui possèdent une brutalité et une monumentalité inattendue.

Un célèbre critique français récemment décédé a déjà comparé son travail à celui Bernd et Hilla Becher
(certainement sous l'influence du Pastis, une liqueur locale française méridionale)

Dans le passé, son travail était principalement axé sur le jeu avec le concept de typologie. Les travaux récents de Mailaender se tournent vers la sculpture et l’installation.

Il vient de créer «Les Archives Fun » qui ont pour objectif d'être la pire banque d’images jamais réalisée…


À Arles, il organise une exposition pour poules et poulets, qui ont tout loisir de contempler à longueur de journée des images plus stupides les unes que les autres.



On peut aussi découvrir une vidéo de la réalisation d’un autoportrait au pinceau pénis, d’une dextérité remarquable, qui conforte l’expression « peindre comme un gland »


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Gabriel Burger

Desert warriors

Toujours à la pointe de l’innovation, le duo de joailliers MoutonCollet propose une collection audacieuse intitulée « Mad safari » destinée aux guerriers des grands déserts urbains.


Warriors of jewellery design, the duo that is MoutonCollet evolves with unmistakable eccentricity ‘Mad Safari’ is dedicated to desert warriors, inspired by a universe filled with sand dunes, hot sun and weapon wearing men. Military decorations and rank medalians are referenced within these “heavy-duty” pieces.



Introducing tie-dyed fabric scarves, a remix of the kaffiyeh, is worn around the neck fixed with a braided chain link. Accompanying caps bring about a summery twist to classic MoutonCollet ideas.



Nude and grey leather is used in straps, holsters come pockets and braided bracelets and chains. Fabric appears in versions of black, light blue and white weaves, tiedyed with acids to a diluted effect.

Traditional MoutonCollet, a wicked use of refined craftsmanship.




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Eryc Laframboise @ Dulcedo managment

« Stratégie EU 2020 »




« Nous sommes en train de passer de la production industrielle au capitalisme culturel » 
Jérémy Rifkin – L’âge de l’accès


J’ai publié dans un autre article l’appel des créateurs Néerlandais qui voient, sous la pression des néo-libéraux alliés à l’extrême droite, les choix du gouvernement des Pays-Bas menacer l’ensemble des forces de l’esprit d’un pays.

Cette tendance s’amplifie dans de nombreux pays d’Europe où le libéralisme dévoyé endors les esprits et transforme l’accès à la culture en console de super marché devant laquelle l’individu est devenu un simple client,  à qui l’on impose un « supplément d’âme » marchandisé et qui ne vit plus d’expérience humaine qu’à travers des produits manufacturés qu’il convient de posséder pour entrer dans la grande communauté des consommateurs.

Jérémy Rifkin cite dans son livre L’âge de l’accès :
« La transformation en marchandises des relations humaines est une entreprise pour le moins troublante. L’assignation d’une valeur marchande à la totalité de l’existence des individus dans le but de transformer l’intégralité de leurs expériences vécues en transactions commerciales représente en quelque sorte le stade suprême du capitalisme. »...
« La postmodernité correspond à une nouvelle époque du capitalisme qui repose sur la transformation en marchandises du temps, de la culture et de l’expérience. »

Cette tendance se fait aussi sentir ici en France avec un désengagement de plus en plus marqué de l’état qui veut déléguer le service public aux divers secteurs privés.

Cette absence de l’état régulateur est de plus en plus pesante dans les collectivités locales ou la culture est laissée au bon vouloir de bon nombre d’ élus locaux qui ont tôt fait de taxer d’élitisme tout ce qui a tant soit peu pour mission d’élever l’esprit, au profit des amuseurs et du divertissement généralisé et qui ne conçoivent le rôle du créateur qu'en "animateur " social.

« Il faut donner au public ce qu’il attend » nous dit-on, traduction laissons faire les multinationales du récréatif qui n’ont pas leur pareil pour vendre de l’abrutissement mondialisé.

Et si la création vivante était rangée au magasin des accessoires pour quelques initiés irréductibles, que les moutons de panurge ne se connectent plus alors qu’aux espaces virtuels et l’ère du crétinisme cybernétique verrait son apogée: « Le cyberespace est le nouveau théâtre universel où votre ticket d’entrée vous donnera le droit de participer à la représentation comme s’il s’agissait de votre expérience réelle », Toujours Jérémy Rifkin.

Fort heureusement les créateurs se mobilisent,  à l’initiative de leurs organisations professionnelles, mais leurs voix seront-elles entendues ?

TEXTE LU DANS LA COUR D’HONNEUR DU FESTIVAL D’AVIGNON, LE 7 JUILLET 2011

Mesdames, Messieurs, bonsoir,

La soirée s'annonce belle et pourtant si nous avons voulu prendre la parole devant vous c'est parce que cette belle fête de l'esprit que constituent le théâtre, la danse et la musique, pourrait bien être menacée ainsi qu’une part importante du système culturel français.

Il y a donc urgence à se mobiliser car c'est dans ce bel accord entre artistes et spectateurs que le spectacle vivant a encore un avenir. L'élection présidentielle de 2012 se profile à l'horizon et revêt une importance considérable dans les choix de société sur lesquels nous allons nous prononcer. Un mouvement politique libéral agressif en France et en Europe entend réduire les services publics. Il attaque régulièrement l'art et la culture.

A force de réductions ou d’érosions année après année des subventions, les artistes se retrouvent en grandes difficultés, les rémunérations baissent, les temps de répétition aussi.

Nous attendons des femmes et des hommes politiques de progrès qu'ils ouvrent un débat de fond sur ces questions ; ils doivent refuser les thèses libérales et la rengaine du pseudo échec de la démocratisation culturelle. Ils doivent défendre le rôle du service public, la place de l'art et de la culture dans notre société,
l'utilité de la formation du jugement critique, la nécessité de l'éducation artistique dans l'épanouissement des jeunes ; ils doivent prôner l'émancipation des individus. Il en est encore temps !

Nous souhaitons qu'ils mettent en place :
• des réformes structurelles : une loi d'orientation et une nouvelle étape de la décentralisation qui, pour nous, reste une idée moderne à l'échelle de l'Europe ; un Ministère de la Culture fort et doté de moyens nouveaux
• des mesures sociales pour les salariés du secteur, notamment le maintien du système de l’assurance chômage des artistes et techniciens du spectacle.

Nous voulons obtenir des engagements pour un plan de développement de l'art et de la culture et en particulier de la création. Il permettra de soutenir les projets nouveaux, les talents émergents, d’augmenter les capacités artistiques des institutions comme des compagnies. Il permettra de réaliser un vaste plan
d'éducation artistique et de remettre ainsi en marche une véritable démocratisation culturelle.

L’Europe actuelle considère trop les oeuvres de l’esprit comme des marchandises et le soutien à l’art et à la culture comme facultatif. Nous voulons une Europe démocratique, libre, sociale, dotée d’une politique
artistique et culturelle commune.

Vous l'aurez compris, nous avons besoin de vous tous : la situation est grave, mais nous savons que nous pouvons compter sur vous.


LA PÉTITION

Institutions européennes et gouvernements élaborent en ce moment même les objectifs et les lignes directrices des futurs programmes de l’Europe.
Ces programmes s’inscrivent dans une nouvelle prospective appelée « stratégie EU 2020 » dans laquelle la politique culturelle serait réduite à ses seules dimensions économiques et d’inclusion sociale.


Ce qui nous menace c’est l’abandon ou la baisse du Programme Culture, l’impossibilité d’inscrire des projets à dimension culturelle dans les fonds structurels et le risque de les vider de leur sens, s’ils ne peuvent plus soutenir la création artistique.


Nous ne voulons pas de cette régression.

 Parce que cela mettrait en ruine l’édifice culturel européen patiemment construit depuis plus de vingt ans par les Etats, les collectivités territoriales, les artistes et les opérateurs culturels.


Parce que l’Europe se construit sur la certitude que les peuples, débarrassés des tyrannies et librement associés, progressent ensemble vers un destin commun, fondamentalement démocratique et nourri par une conception partagée du rôle de l’art et de la culture.

Parce que le projet européen lui-même traverse une crise de légitimité et que les vieux démons du passé ressurgissent.


C’est au contraire dans la création artistique et la recherche que s’inventent les idées, les formes, l’imaginaire du futur.

Elles forment le creuset d’innovations esthétiques et sociales d’où jaillit la diversité.

C’est dans l’accès du plus grand nombre à cette richesse que se construisent les sociétés inventives, créatives et démocratiques auxquelles nous aspirons. 



Nous, artistes et citoyens, interpellons la Commission, le Parlement européen et nos gouvernements respectifs pour obtenir le renforcement du budget du Programme culture et la garantie de soutien des projets artistiques et culturels dans les autres programmes.


Nous voulons pour l’Europe un autre souffle, une véritable ambition artistique et culturelle.

À signer sur