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dimanche 10 juillet 2011

Semaine du blanc












News of the world, vient d’être mis au panier, non pas parce qu’il n’était pas rentable car le tabloïd anglais dominical tirait à 2,8 millions d’exemplaires ( ce qui donne une bonne idée de l’état mental d’une société humaine) mais sous la pression d’un scandale lié à une mise sous écoute de milliers de personnes, depuis 2007.
Le «  journal » fondé en 1843, a été racheté en 1969 par le groupe Rupert Murdoch’s Ltd.
Le magnat de la presse de caniveau a su faire prospérer cette feuille comme tous les titres de son groupe en manipulant l’opinion à coup de scoops douteux.
Sous l’effet d’un néo-libéralisme ravageur, la presse mondiale est devenue une méga-industrie qui doit faire du chiffre et pour la presse écrite se mesurer à la rapidité de la circulation des informations qu’induit le développement massif d’Internet.
Dans cette course effrénée à l’audience et pour contrer la concurrence tous les coups sont permis, même ceux qui sont contraires à la loi.
Ce nouveau pouvoir étant son emprise tentaculaire sur le monde à travers les divers médias, anciens et nouveaux, et façonne l’opinion publique pour la rendre compatible avec leurs intérêts, qu’ils soient économiques ou directement politiques.
Dans De la démocratie en Amérique, Alexis de Tocqueville avait déjà eu la prémonition de ce nouveau pouvoir :
« Un pouvoir immense et tutélaire qui se charge d'assurer leur jouissance (…) et ne cherche qu'à les fixer irrévocablement dans l'enfance. Ce pouvoir aime que les citoyens se réjouissent, pourvu qu'ils ne songent qu'à se réjouir. Il pourvoit à leur sécurité (…) facilite leurs plaisirs (…) Il ne brise pas les volontés, mais il les amollit (…), il éteint, il hébète. »
Mais il parlait alors d’un pouvoir politique, alors que ces monstres économiques ont supplanté les exécutifs démocratiques pour les contrôler et les influencer.
Andy Coulson, le rédacteur en chef de News of the world, démissionnaire à la suite d’un premier scandale, avait ensuite été recruté au poste de conseiller du premier ministre anglais David Cameron… La collusion avec les pouvoirs politiques n’est pas réservée aux dictatures diverses et variées, elle est patente dans de nombreux pays, l’Italie en est le malheureux exemple.
Cette « presse » est dangereuse, elle peut tuer moralement et physiquement de manière indirecte.
Elle est nocive pour la démocratie car au-delà d’une hégémonie économique elle interfère dans le champ  de toute la vie sociale des individus.
Pour Benjamin Barber, politologue et écrivain américain, qui a écrit un livre intitulé : Comment le capitalisme nous infantilise, paru aux éditions Fayard en 2007 :
« Le vieux capitalisme, celui des puritains américains du XVIIIe siècle qui prônait les vertus protestantes, a découvert une formule efficace qui a ensuite fait ses preuves :  si vous pouvez développer les services importants qui répondent aux besoins et désirs d’un peuple vous pouvez à la fois être utile à la communauté et faire de l’argent. Un mariage de cynisme et d’altruisme qui débouchait sur un capitalisme productif basé sur le travail, l’investissement et l’éthique religieuse. 
Le capitalisme moderne a créé un étau économique infantilisant qui est devenu consumériste et non plus productiviste.
Ce capitalisme doit fabriquer lui-même les besoins pour vendre des produits qui n’ont pas de véritable nécessité
Une synergie de privatisation globale de la société,  entre totalitarisme commercial et infantilisme généralisé, où les enfants deviennent agents de la consommation et les adultes entrent dans un processus régressif.
On est entré dans l’ère du « Je veux ! », impulsif et agressif, qui a remplacé le « NOUS » par le « JE ».
La politique est infantilisée, la religion devient infantilisée avec le fondamentalisme.
Dans une société sans pensée et sans prudence, tout est devenu manichéen et sans complexité, ni nuance. »
Pour s’imposer, ce « Monstre doux » comme le nomme  Raffaele Simone, linguiste et philosophe italien, doit d’abord occuper la sphère culturelle de la société, « culturelle » n’étant pas entendue en termes d’acquisition de connaissances, mais de champ de valeurs, de désirs, d’us et coutumes sociaux.
C’est ce qu’ont bien compris les nouveaux « Populistes ».
La presse et les médias en général, deviennent des véhicules et des alliés de choix pour faire table rase de la pensée critique, rendre le « Rien » indispensable, créer des non-valeurs où l’individu sans qualités, qui n’existe plus que par sa vacuité étalée sur les réseaux sociaux ou dans les magazines à fort tirage, occupe le centre de ce jeu de dupes.
Chez nous, il n’est qu'à voir, lors de récentes affaires dramatiques d’assassinat d’adolescents, de parfaits inconnus pris au hasard dans la rue, qui ne connaissait ni de près, ni de loin les victimes, verser des Niagara de larmes devant les caméras et sans doute ameuter ensuite famille et amis pour qu’on les voit « passer à la télé ».
La nécessité de dépasser ce «  JE » totalitaire par une action communautaire à travers des contre-pouvoirs libres de l’influence des puissances d’argent est vitale...
Mais est-ce encore possible ?

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