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mardi 21 juin 2011

PORTRAIT




Modèle Josh PATTON

GRAVES MENACES SUR LA CULTURE AUX PAYS BAS



APPEL

La semaine dernière, dans un mémorandum intitulé «Plus de qualité», le secrétaire d'État à la Culture, agissant au nom du gouvernement néerlandais (un gouvernement minoritaire des libéraux et des démocrates-chrétiens, dont le pouvoir repose sur le soutien du populiste Geert Wilders du parti de la Liberté (PVV)) a annoncé sa nouvelle «vision» dans le domaine de la culture. Ceci représente rien de moins qu'une manoeuvre violente qui balaye la politique visant à la notion même de culture et d'art, son rôle dans la société, et sa place dans la sphère démocratique. 

À l'exception d'une poignée de «grandes institutions internationales" qui seront épargnées, tout le champ de l'expérimentation artistique axée sur l'international et orientée vers l'avenir, l'innovation, l'éducation et le développement, qui a distingué les Pays-Bas et lui a donné une position de leader international dans ce domaine depuis de nombreuses décennies, va être démoli pratiquement en une nuit. 

Au lieu de préserver les valeurs de l'expérimentation, du risque et de la vision à long terme, le mémorandum nous impose la rhétorique du «renforcer la responsabilité et la résilience des citoyens" et laisse "le marché" reprendre son cours «naturel».
Pour être clair: les professionnels néerlandais dans le domaine de l'art et la culture sont conscients du fait que certaines coupes dans les financements sont nécessaires étant donné la situation économique d'aujourd'hui et qu'un recalibrage des soutiens peut être légitimement demandé. 
Par ailleurs les coupures dans le financement des arts pourrait sembler de moindre importance à la lumière de ce qui se passe, avec la même brutalité,  entre autres dans les domaines de la santé, de la réforme sociale, de l'éducation, des médias et la recherche scientifique. 

Cependant, c'est solidairement avec tous ces secteurs que nous élevons notre voix en manifestant notre désaccord face aux coupes dévastatrices proposées.

Notre position dans notre domaine est qu'il est essentiel de souligner que ce que nous faisons a une valeur inégalée partout dans le monde, face à un certain climat culturel international. 

Dans et hors des Pays-Bas, le monde de l'art a bénéficié de l'existence d'un système culturel généreux envers l'imagination artistique d'avenir, qui se trouve aujourd'hui menacée d'extinction. 

Nous devons articuler notre désaccord avec ces évolutions néfastes et engager notre résistance à leur mise en oeuvre, afin d'empêcher que les faits suivants n'adviennent :

Dans les domaines de l'art et la culture, le budget va diminuer de 200 millions d'euros; 

pour les arts visuels en particulier, cela signifie passer de 53,3 à 31 millions sur une base annuelle, en prenant effet immédiat en 2013. 

Entre autres choses, cela conduira à :

• Une réduction de 50% dans le budget pour les allocations et les subventions de travail des artistes;

• Une réduction de 50% dans le budget de la Fondation Mondriaan, qui soutient les projets internationaux;

• Une réduction spectaculaire du nombre d'institutions d' arts visuels contemporains bénéficiant du soutien de l'État (qui comprennent actuellement Witte de With, De Appel, BAK, Marres, etc)       réduites de 11 à 6;

• Un retrait total de tout le soutien pour des magazines d'art;

• La fin des subventions gouvernementales pour les fonctions remplies aujourd'hui par la Fondation Manifesta, SKOR | Fondation pour l'art et le domaine public, et le NiMK - Netherlands Media Art Institute;

• La fin de tous les financements publics de l'enseignement post-universitaire pour les artistes offerts dans des lieux tels que les Ateliers, Rijksakademie voorBeeldende Kunsten, le Centre européen de travail en céramique, et la Jan van Eyck Academie.

Face à cette situation dramatique d'anéantissement des appuis du gouvernement pour de larges secteurs internationalement reconnus de l'art hollandais contemporain, nous espérons que vous tous, nos collègues internationaux, réagirez énergiquement et immédiatement contre cette extermination de notre patrimoine et de notre avenir, en signant cette lettre en retour. 

Nous remettrons toutes les lettres au Secrétaire d'Etat Zijlstra Halbe.

Signataires : 
Ann Demeester, Guus Beumer, Maria Hlavajova, Arno van Roosmalen, représentantde De Zaak Nu, diverses institutions et des particuliers dans le domaine des artsvisuels contemporains qui sont tous préoccupés par l'avenir de l'ensemble du champ culturel dans les Pays-Bas. 

Pour plus d'info voir www.dezaaknu.nl et www.schadekaart.nl.

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Dutch coup d'état in art and culture

Appeal for response !

Last week in a memorandum titled "More than Quality," the State Secretary for Culture, acting on behalf of the Dutch government (a minority government of liberals and Christian Democrats, whose hold on power relies on the support of Geert Wilders's anti-Islam Freedom Party (PVV)) announced his new "vision" for the field of culture, which represents nothing less than a violent and sweeping political manoeuvre aimed at the very notion of culture and art, its role in society, and its place within the democratic sphere. With the exception of but a handful of "top international institutions" that will be spared, the entire field of internationally focused and future-oriented artistic experimentation, innovation, education, and development, which has distinguished the Netherlands and given it a leading international position in the field for many decades, is to be demolished practically overnight. Instead of preserving the values of experimentation, risk, and vision, the memorandum leaves us with rhetoric about "strengthening the responsibility and resilience of citizens" and letting "the market" take its "natural" course.

To be clear: Dutch professionals in the field of art and culture are aware of the fact that some cuts in funding are necessary given today's economic situation and that a recalibration of support may be called for. Furthermore the cuts in arts funding might seem of lesser importance in light of what is happening, with the same brutality, in the fields of healthcare, social reform, education, the media and scientific research, among others. However it is in solidarity with all these realms that we raise our voices in disagreement about the sweeping, overreaching, and devastating broad cuts proposed.

Speaking from the position of our field, we find it essential to point out that what we are facing is in fact an end of an internationally valued cultural climate, which we dare say is unparalleled anywhere in the world. In and outside of the Netherlands, the art world has benefited from the existence of a cultural system of generosity towards the artistic and cultural imagination of the future, which today finds itself under threat of extinction. We must articulate our disagreement with these developments, and our resistance to them together, in order to prevent the following from happening:

In the fields of art and culture, the budget will shrink by 200 million Euros; for visual art it means going from 53,3 to 31 million on an annual basis, taking immediate effect in 2013. Amongst other things, this will lead to:
• A 50 % cut in the budget for stipends and working grants for artists;
• A 50% cut in the budget of the Mondriaan Foundation, the body e.g. responsible for supporting international projects;
• A dramatic reduction of the number of contemporary visual arts institutions receiving state support (which currently include Witte de With, De Appel, BAK, Marres, etc.) from 11 to 6;
• A total withdrawal of all support for art magazines;
• The end of government subsidies for functions now fulfilled by the Manifesta Foundation, SKOR | Foundation for Art and Public Domain, and the NiMK – Netherlands Media Art Institute;
• The end of all public financing of the post-academic education for artists offered in places such as the Ateliers, Rijksakademie voor beeldende kunsten, European Ceramic Work Centre, and the Jan van Eyck Academie.

Given this dramatic situation of the annihilation of government support for broad sectors of the internationally-recognized Dutch contemporary art field, we hope that you—our international colleagues—will respond fiercely and immediately to this extermination of our future heritage by signing this letter and returning it to us. We will hand over all letters to State Secretary Halbe Zijlstra.

Ann Demeester, Guus Beumer, Maria Hlavajova, Arno van Roosmalen, representing De Zaak Nu, various institutions and individuals in the contemporary visual arts all of whom are concerned about the future of the whole cultural field in the Netherlands. 

For more info see www.dezaaknu.nl and www.schadekaart.nl

lundi 20 juin 2011

JE BANDE POUR LA PHILOSOPHIE

Fin Juin, l'artiste Pascal Lièvre lance sa première collection de slips philosophiques, les 100 premiers seront en vente via une page Internet crée pour l'occasion, vous aurez le choix entre Michel Foucault, Sigmund Freud, Baruch Spinoza, Friedrich Nietzsche ou Gilles Deleuze, plus d'infos le mois prochain.



                                © Pascal Lièvre, Courtesy Galerie Quang, Paris

 « Pascal Lièvre a fait broder sur des sous-vêtements masculins des noms de philosophes. Il a ensuite photographié des garçons manifestement très excités par la philosophie. Mohamed, Guillaume et Yoann portent des slips à la marque de leurs idoles : Deleuze & Guattari (D&G), Michel Foucault, Emmanuel Kant, Martin Heidegger ou Baruch Spinoza. Aura-t-on oublié que la philosophie est née du désir : de sagesse, de vérité, de justice…

Pascal Lièvre fait de la philosophie l’expérience libidinale de la puissance qui déborde, qui jouit simplement d’elle-même. Dans l’intimité de la lecture, la pensée prend alors corps et le corps est pris en pensée. Le livre-fétiche, caressé, tenu ou visité, se fait le medium d’un désir non feint d’empoigner le réel.

Plus que jamais, toute la vitalité de la philosophie s’affirme ici dans l’érection de discours qui sont autant de flèches prêtes à être tirées pour qui sait bander… »

Florian Gaîté Prefmag Eté 2007

                             © Pascal Lièvre, Courtesy Galerie Quang, Paris

PORTRAIT






Modèle : Florian Bourdila

POP EN TOC


Comme il fallait s'y attendre la majorité a rejeté la proposition de loi du PS visant à autoriser le mariage gay.

Si la plupart des députés qui ont voté contre ont fait profil bas sur l'air du « On est tolérants, si, si on vous l'assure, mais pas de ça chez nous », une frange plus radicale regroupée sous le sigle «  Droite populaire » ( lire plutôt droite populiste ) a manifesté sa constance dans la détestation des homos, avec à l’orchestre les mêmes qui s’étaient illustrés dans la virulence lors du débat sur le PACS.

Pour être tout à fait objectif, l’une d’entre eux a déserté ce clan en votant pour le projet, la députée Henriette Martinez a au moins démontré que l’intelligence peut aussi se nicher là où on ne l’attend pas…

Devenue ministre Roselyne Bachelot a gardé la même détermination qui l’avait fait se dresser seule contre son camp pour défendre le pacte civil de solidarité en déclarant lors d’une interview à LCP : « C'est une question de mois, d'années, mais de toute façon, ça se fera » et elle a enfoncé le clou en ajoutant « J’ai remarqué que sur ces sujets, à la fin, j’avais toujours gagné ».

Il n’en fallait pas plus pour que les sicaires de la droite « populaire » se déchaînent en réclamant la démission de la Ministre.

Au pipo, Philippe Meunier, député UMP de la 13e circonscription du Rhône : « Ses déclarations sont scandaleuses. La majorité vient de rejeter une proposition de loi socialiste sur le mariage homosexuel. Si elle se situe au côté du PS et pas de la majorité, alors il faut qu’elle démissionne! ».

À la basse Jacques Myard, député UMP de la 5e circonscription des Yvelines et maire de Maison-Laffite, a vraisemblablement pété une corde : « Elle est incohérente, elle rompt la solidarité gouvernementale et surtout, elle va directement à l’encontre d’un vote de l’Assemblée nationale, dont elle se fout visiblement. C’est grave, c’est du mépris. Dans cette affaire de mariage homosexuel, on est vraiment face à du prosélytisme catégoriel qui devient insupportable » s’est-il épanché auprès de l’AFP.

À la grosse caisse Jean-Paul Garraud, député UMP de Gironde et ancien magistrat, a rejoint le duo pour taper sur les doigts de Roselyne Bachelot.

Nos trois lurons auront fort à faire puisqu’un autre membre de l’exécutif, Jeannette Bougrab, secrétaire d’Etat à la jeunesse, a manifesté une opinion aussi affirmée :  « Je suis ministre et j’ai des convictions personnelles: j’estime que la marche vers l’égalité [passera par] cette reconnaissance. Quand on interroge les Françaises et les Français, ils sont quand même moins conservateurs ».

Mais revenons sur nos « Populaires» de choc et leurs pedigrees :

Philippe Meunier, grand défenseur de l’ordre, ne s’embarrasse pas de scrupules inutiles. Il n’a pas hésité, avec une élégance rare, à récupérer un fait-divers sordide pour illustrer sa carte de vœux 2011 et décrire à l’intérieur le calvaire de Lorraine Schmitt, violée en 2007 et assassinée de 32 coups de couteau. 
Bonne année électorale !

Son autre violon d’Ingres est la chasse à l’aide médicale accordée aux sans papiers.
Cette aide a le don de donner des boutons à ce généreux personnage : « Depuis que je suis député, j'interviens pour parler de l'Aide Médicale d'Etat. Nous soignons gratuitement des gens entrés illégalement en France Alors que l'on demande aux Français de se serrer la ceinture. Ce qu'il Faut, C'est oser briser certains tabous. L'AME (Aide Médicale d'État) ne doit plus être la Sécu des clandestins; Seuls ceux atteints de maladies contagieuses, faisant courir des risques aux Français, devront pouvoir en bénéficier ».
On remarquera toute la mansuétude qui suinte dans cette nuance : on ne peut soigner que ceux qui présentent un risque pour les bons Français, ceux qui contaminent leurs congénères illégaux, peuvent bien se passer de soins…

Pour Jacques Myard les homosexuels sont des pervers : « Moi j’en reste à l’altérité quand les homos veulent singer le mariage. Qu’ils s’aiment d’accord, ce n’est pas pour autant qu’ils forment un couple. Le zoophile existe, vous allez le prendre en compte ? » « Qu'il puisse y avoir des homosexuels à l'UMP, ce n'est pas un souci ». Est-elle une perversion ? « J'ai le droit de le penser. Il est sûr en tout cas que la civilisation s’est développée sur l’hétérosexualité. »
Notre spécialiste de la sexualité aura toutefois quelques difficultés à reconnaître un homosexuel, outre le fait qu’il ne le différencie pas d’un zoophile monsieur Myard semble ne pas êtrte très physionomiste… Dany Boon raconte comment le député maire de Maison-Laffite s’est ridiculisé en le prenant pour Elie Semoun :

Reste le meilleur pour la fin, Monsieur Jean-Paul Garraud.

Lui ses chevaux de bataille sont, en vrac :

- L’absentéisme scolaire (il est cosignataire d’une proposition de loi visant à rétablir la suspension des allocations familiales en cas d’absentéisme scolaire) ;
- La réduction du délai de vie commune entre « pacsés » binationaux pour l’obtention d’un titre de séjour :
- La limitation aux associations reconnues d’utilité publique de la possibilité de porter plainte pour des propos sexistes ou homophobe ;
- Les "paternités de papier" ;
- Les délinquants récidivistes (il est auteur d’une proposition de loi visant à l’évaluation de leur dangerosité).
Il a milité et milite, entre autres pour :
- L’adoption de mesures de surveillance des individus qui, libérés de prison, sont néanmoins toujours potentiellement dangereux ; à ce titre, il propose de les soumettre à un procédé moderne de surveillance tel qu’un bracelet électronique ou une puce GPS inoculée sur la personne ;
- La reconnaissance d’une personnalité juridique au foetus humain ;
- La reconnaissance des "racines chrétiennes" de l’Europe.

Il a de plus déposé avec Daniel Mach une proposition de loi visant à instaurer un délit d'atteinte à la dignité
de la France et de l'Etat.

Cette loi viserait, bien sur, principalement les étrangers :
« Il est plus que jamais nécessaire de donner la possibilité aux tribunaux de déchoir de la nationalité française les étrangers qui l’on acquise, si leur culpabilité est reconnue pour des faits graves ayant démontré leur volonté de porter atteinte aux valeurs de la République ».
On peut lire en préambule de sa proposition de loi : Des législations récentes ont classé parmi les délits, les discriminations raciales, sexuelles, et morales. Il serait incompréhensible que ce renforcement légitime de la protection de la dignité des personnes ne s'accompagne pas d'une protection de notre pacte républicain et de notre société.
C'est afin d'éviter la propagation de discours de haine menaçant la cohésion nationale que le législateur, au regard de l'inadaptation de notre droit pénal, se doit d'intervenir en créant un délit d'atteinte à la dignité de l'Etat et de la France.
Et comme conséquences :
« Art. 431-22. - Constitue une atteinte à la dignité de la France et de l'Etat, toute insulte, toute manifestation de haine, publiée, mise en ligne sur Internet, télévisée ou radio-diffusée, proférée à l'encontre du pays, de ses personnages historiques, des dépositaires de l'autorité publique ou de ses institutions.
« Constitue une atteinte à la dignité de la France et de l'Etat, le détournement du drapeau national.
« Art. 431-23. - L'atteinte à la dignité de la France définie à l'article 431-22, commise à l'égard d'une personne physique ou morale, est punie de trois ans d'emprisonnement et de 45 000 euros d'amende.»
Cette proposition a été rejetée.
Comme on le voit c’est une belle troupe de progressistes qui ferraille contre le mariage homo.

Toujours du côté des grands amis des homosexuels, on se bouscule au portillon de l’aversion.
Si quelques gays égarés étaient tentés par le relooking de façade des "idées " du FN, maquillage sur lequel une partie de la presse se plait à complaisamment disserter, ils verraient très vite à quel point ce lifting n'est que superficiel.
L'intolérance est bien incrustée dans le derme profond de l'héritière blonde de Saint Cloud qui a déclaré sur France Inter le 14 juin : « Le mariage homosexuel? et pourquoi pas l'autorisation de la polygamie ?».

Chassez le naturel…



dimanche 19 juin 2011

PORTRAIT




JASE@Adam Models

NO MONEY, NO HONEY

A partir d’une enquête ethnographique menée à Bangkok, No money, no honey propose une sociologie critique du tourisme sexuel contemporain.  



Fruit d’une thèse soutenue par l’auteur à l’EHESS en 2009, ce livre interroge, à partir d’une enquête ethnographique conduite à Patpong, un quartier de Bangkok, les dessous des échanges prostitutionnels. 

Des vingt-deux mois passés par l’auteur dans cette ville entre février 2005 et septembre 2007 est tiré cet ouvrage, dense, copieux, mais rendu aisément lisible par un mode d’écriture mêlant analyse et phases monographiques. La table des matières en fin de volume et les sous-titres qui jalonnent le texte facilitent également cette lecture. Sébastien Roux allie le souci ethnographique (favorisé par le poste d’enseignant d’anglais qu’il a tenu dans une association thaïlandaise de défense des droits des prostituées) à une sociologie critique de la catégorie de prostitution. 

Les entretiens individuels menés par l’auteur auprès des prostitué(e)s et des clients ont été précédés par de longues fréquentations des lieux de prostitution et des échanges verbaux préalables. Cette méthode de l’entretien ethnographique montre ici ses bienfaits. Il questionne simultanément et de manière très pertinente les pratiques et outils d’analyse mobilisés pour en rendre compte. La seconde partie de l’ouvrage, consacrée à une généalogie critique de la catégorie de tourisme sexuel, vient lui donner une profondeur historique.
Le mérite principal de ce travail réside selon nous dans un refus constant de céder à une tentation moralisatrice et politiquement correcte consistant à réduire la prostitution touristique à l’expression d’une forme de domination. Cette forme de paternalisme inclinerait à manquer les « expériences subjectives » et la « compréhension des logiques qui animent les espaces concernés ou l’interrogation sur la pluralité des échanges ». Ces lectures, qui tirent leurs racines dans la critique féministe des années 1970/1980, tendent à faire abstraction de la diversité des réalités sociales, culturelles et historiques dans lesquelles s’insèrent les relations monnayées. De plus, elles ont tendance à se conformer à une seule et même représentation de ce que serait la « vraie » prostitution (celle des relations contractuelles explicitement conclues dans des bars spécialisés) et par là même passer à côté d’une multitude d’échanges a priori non économiques : « acquisition d’une place, estime de soi, respect, amour, désir, réalisation de soi, espoir d’avoir une vie meilleure ». 
Cette critique de la vénalité peut se formuler autrement : offrir à une étudiante de Bangkok un téléphone portable pour la séduire relève-t-il d’une logique différente de celle qui s’établit entre une danseuse de bar à go-go et son client ? N’y a-t-il pas un autre échange que de la rétribution matérielle ? 


Le risque également inhérent à une vision trop moralisatrice ou politique du tourisme sexuel consiste à considérer que la prostitution disparaîtrait avec la progression économique du pays, à penser qu’un fort taux de croissance serait le meilleur moyen pour lutter contre ce type d’activités, qui s’éteindraient mécaniquement. De même, selon cette représentation, la prostitution ne serait que le reflet d’une forme d’exploitation économique du nord sur le sud. Mais là encore, cette analyse de la prostitution comme dysfonctionnement socio-économique passe à travers la réalité des pratiques. 
Tout en négligeant les autres formes de rétribution, elle reconstruit de manière univoque une sexualisation abusive de l’Orient par l’Occident, elle oublie que le farang (l’Occidental de type caucasien) est lui aussi l’objet de fantasmes et de désirs pour les populations locales. L’analyse menée par l’auteur des économies affectives sous-jacentes à ces rapports prostitutionnels permet de mettre en lumière ces projections croisées et leur impact concret sur la réalisation des relations. Bien conscient d’étudier un phénomène moralement et politiquement problématique, Roux ne le néglige pas et tente de se placer dans un interstice, celui de « la compréhension de cet entre-deux qui impose le respect tout à la fois des relations observées et de leur mode d’appréhension politique et moral ». 
Cette approche compréhensive du tourisme sexuel permet donc d’analyser la qualification des actes par les agents eux-mêmes et non par l’observateur, évitant ainsi, risque inhérent à toute sociologie empirique, le « plaquage » de catégories sur un phénomène plus complexe et diversifié qu’il n’y paraît. 
Les différentes formes de prostitution (est également analysée la prostitution masculine) sont rapportées à une pluralité d’échelles. La mise en perspective des échelons locaux et nationaux de la prostitution avec les phénomènes de mondialisation conduit l’auteur à montrer que, contrairement à une idée répandue, la mondialisation « ne constitue pas un multiplicateur en soi de la violence des rapports de domination ». 
Cette mondialisation du tourisme sexuel produit en réalité des effets multiples et parfois contradictoires : politisation des questions sexuelles, émergence de nouveaux sujets politiques, évolution des dispositifs juridico-législatifs, circulation internationale des identités sexuelles. L’étude du processus de globalisation des échanges monnayés passe par la prise en compte de l’ensemble de ces logiques ; les pages qu’y consacrent l’auteur sont là encore tout à fait éclairantes. 
Ce travail s’avère donc essentiel pour tous les lecteurs, qu’ils soient familiers ou non de ces questions, désireux de comprendre les logiques du tourisme sexuel. Il permettra également de rompre avec un certain nombre d’idées reçues concernant ces problèmes qui, bien légitimement, déchaînent les susceptibilités. 


Pierre-Alexis TCHERNOIVANOFF
Critique à nonfiction.fr




Titre du livre : No Money, No Honey. Economies intimes du tourisme sexuel en Thaïlande

Auteur : Sébastien Roux
Éditeur : La Découverte
Collection : textes à l'appui
Date de publication : 03/01/11

jeudi 16 juin 2011

PORTRAIT




Walmir Birchler @ Ragazzo Model Management

ÉVÉNEMENT


Photography © Derek Storm


Une rencontre avec Emanuel Xavier, à la librairie Shakeapeare and company le 30 juin prochain à 16h

Emanuel Xavier est un poète américain, artiste clameur, auteur, éditeur, organisateur d'événements littéraires et acteur. 
Il est né et a grandi dans le quartier de Bushwick à Brooklyn. 
Il est l'une des voix émergente des plus significatives de la poésie du mouvement néo-Nuyorican 
( Latinos New-yorkais ) qui s'inspire de thèmes politiques, sexuels et religieux. 
Ses origines sont portoricaines et équatoriennes.

Il auto-publie son premier recueil de poésie, Pier Queen, à l'automne 1997 à travers sa propre maison d'édition indépendante, Pier Queen Productions
Il signe des poèmes tels que Bushwick Boheme, Délivrance, Every Latino, Nueva York et Tradiciones, qui ont contribué à sa notoriété sur la scène artistique underground de New York.

En 1998, avec le soutien de gens comme Willi Ninja, l'icône du Slam, Bob Holman, Emanuel a fondé The House of Xavier et a créé le concours annuel de Glam Slam qui a lieu une fois par an, d'abord au Café des poètes Nuyorican puis au Bowery Poésie Club




Le concours de slam comportait quatre catégories ouvertes comme le meilleur poème érotique en Dessous Sexy ou lingerie. 

En 2008, après une décennie de mise en scène du Glam Slam annuel à la House of  Xavier, il passe le flambeau au performeur Basque / espagnol, Ernesto Sarezale, qui exporte l'événement au Royaume-Uni, à la  Royal Vauxhall Tavern à Londres.

Son premier recueil officiel de poèmes Americano, a été publié par l'éditeur Suspect Thoughts Press en 2002. Emanuel Xavier se retrouve alors propulsé parmi les figures centrales des artistes de couleur du mouvement littéraire avec des poèmes tels que: Children of Magdalene, ou Nearly God.

En 2005, Suspect Thoughts Press  a publié Bullets & Butterflies : un Slam queer. 
L'anthologie incluait le travail de treize slameurs ouvertement Queer et de nouveaux textes de l'éditeur lui-même, y compris: Légendary, Outsider et A simple poem.

Il s'est produit à la télévision sur Russell Simmons Presents Def Poetry, sur HBO. 
Il apparaît également dans le documentaire de Wolfgang Busch: How do I Look.

En 2005, il co-vedette dans un premier rôle dans le film indépendant, The Sky Trap
En 2008, il est apparu dans The Cult of Sincerity, qui sera plus tard diffusé sur PBS.

En 2008, un journal littéraire en ligne, parrainée par l'UNESCO, l'a engagé comme contributeur pour un projet international. 
Il a également été invité à sélectionner les finalistes pour le Best Gay Erotica 2008.

À l'automne 2008, Floricanto press a publié Mariposas: Une anthologie de la poésie moderne QueerLatino, où il se trouve en compagnie de 17 autres poètes Queer latinos. 
Ce sera le premier livre qui rassemble les œuvres de poètes ouvertement Queer dans la communauté latino.

En 2009, son poème, Urban affection, a été commandité par un collectionneur privé de souvenirs de Walt Whitman pour le 190e anniversaire de la naissance de Whitman.

Au printemps 2009, Rebel Satori Press a publié une édition anniversaire révisé de son roman semi autobiographique, Christ Like

Le roman est décrit comme suit: Mikey est un survivant auto-destructeur d'un abus sexuel, un gay Latino originaire de New York coincé quelque part entre la culpabilité catholique et la décadence d'un enfant de club qui cherche à s'intégrer dans le cadre d'une famille. 
Au lieu de cela, Mikey plonge dans un demi-monde de petits voleurs, des prostituées, et de glandeurs. Hanté par un père que Mikey n'a jamais rencontré, une enfance difficile, des cauchemars récurrents, la réalité de la mort, et le Christ… L'histoire se déroule dans les années 80 et 90 et l'on suit le héros dans son voyage à travers un monde fascinant rempli de "Santeros", de transsexuels et de reines du Voguing .

En 2009, il a été nommé l'un des « 25 Latinos LGBT les plus influents » par Mi Apogeo.

Il se produit régulièrement à travers les États-Unis comme Slameur et a également performé internationalement dans des villes comme Buenos Aires (Argentine), Guayaquil (Équateur) et Gand (Belgique).

Legendary, le slam musical d'Emanuel Xavier, en collaboration avec le producteur, David El, a été réalisé à l'hiver 2009/2010 avec le bonus track, Légendary (Le E-Mix)". Legendary (The Re-Mix)" a été publié au printemps 2010 par Hades Music sur Masterbeats avec des remixes de Michael Hadès, Tim Letteer, Lorant Duzgun, et El David.





If Jésus Were Gay et autres poèmes, a été publié par Rebel Satori Press au printemps 2010.


Le Site Officiel d'Emanuel Xavier:


30 juin à 16h
Shakespeare & Company
37 Rue Bûcherie
75005 Paris
01 43 25 40 93
Métro Saint Michel

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Emanuel Xavier is an American poet, spoken word artist, author, editor, literary events curator, and actor born and raised in the Bushwick area of Brooklyn.  He is one of the most significant voices to emerge from the neo-Nuyorican poetry movement using political, sexual and religious themes throughout his work.  His background is Puerto Rican and Ecuatorian.  

He self-published his debut poetry collection, Pier Queen, in the fall of 1997 through his own independent publishing house, Pier Queen Productions.  Signature poems such as "Bushwick Bohemia", "Deliverance", "Every Latino", "Nueva York" and "Tradiciones" helped him gain notoriety in New York City's underground arts scene.

In 1998, with the support of people like Willi Ninja and spoken word poetry icon Bob Holman, Emanuel founded the House of Xavier and created the annual Glam Slam competition. Held once a year, first at the Nuyorican Poets Cafe and then at Bowery Poetry Club, the poetry slam competition featured four open categories such as Best Erotic Poem in Sexy Underwear or Lingerie. Winners of each category received a trophy and went on to compete for the Grand Prize title of Glam Slam Champion. The event aspired to bring together poetry slams and ball culture in a unique and vibrant contribution to the downtown arts scene. 

In 2008, after a decade of staging the annual House of Xavier's Glam Slam spoken word poetry competition in NYC, he passed the torch over to Basque/Spanish performance poet, Ernesto Sarezale, who introduced the event to a London audience at the Royal Vauxhall Tavern in the UK.
The poetry collection Americano, his first official publication, was released by Suspect Thoughts Press in 2002 and helped establish Emanuel Xavier as a central figure in the people of color literary arts movement with signature poems such as "Children of Magdalene", "Nearly God" and the title poem.

In 2005, Suspect Thoughts Press published Bullets & Butterflies: queer spoken word poetry, a collection Emanuel Xavier edited. The anthology featured the work of thirteen openly queer spoken word artists and new work by the editor himself including: "Legendary", "Outside" and "A Simple Poem."

He has been featured on television on Russell Simmons Presents Def Poetry on HBO, In The Life on PBS and hosted several editions of Out At The Center on Manhattan Neighborhood Network. He also appears in the Wolfgang Busch documentary How Do I Look.  In 2005, he co-starred in his first acting role in the independent feature film, The Ski Trip.  In 2008, he appeared in The Cult of Sincerity, which later aired on PBS.

In 2008, an invitation-only online literary journal sponsored by UNESCO included him as a contributor to an international project. He was also invited to select finalists for Best Gay Erotica 2008.

In the fall of 2008, Floricanto Press published Mariposas: A Modern Anthology of Queer Latino Poetry, a collection which he edited featuring the work of 17 fellow queer Latino poets. This would be the first book ever to gather the work of openly queer poets from the Latino community.

In 2009, his poem, "Urban Affection", was commissioned by a private collector of Walt Whitman memorabilia for the 190th birthday anniversary of Walt Whitman.

In the Spring of 2009, Rebel Satori Press published a revised tenth anniversary edition of his semi-autobiographical novel, Christ Like. The novel description is as follows: Mikey is a spirited but self-destructive survivor of sexual abuse, a gay Latino native New Yorker caught somewhere between Catholic guilt and club kid decadence looking to fit in as part of a family. Instead, Mikey delves into a demimonde of petty thieves, prostitutes, and pushers. Haunted by a father that Mikey has never met, a difficult childhood, recurring nightmares, the reality of death, and Christ, the story unfolds through the ‘80’s and ‘90’s following him on his journey through a fascinating world filled with Santeros, transsexuals and voguing queens.

Emanuel Xavier has received the Marsha A. Gomez Cultural Heritage Award, a New York City Council Citation and is a 2008 World Pride Award recipient.  In 2009, he was named one of the "25 Most Influential GLBT Latinos" by Mi Apogeo. He performs regularly throughout the United States as a spoken word artist and has also featured internationally in cities such as Buenos Aires (Argentina), Guayaquil (Ecuador), and Ghent (Belgium).



"Legendary- The Spoken Word Poetry of Emanuel Xavier", a spoken word/music collaboration with producer, El David, was released in the Winter of 2009/2010 featuring the bonus track, "Legendary (The E-Mix)."  "Legendary (The Re-Mixes)" was released Spring 2010 by Hades Music on Masterbeats featuring remixes by Michael Hades, Tim Letteer, Lorant Duzgun, and El David.

If Jesus Were Gay & other poems was published by Rebel Satori Press in Spring 2010.